Au début du mois, l’Ontario s’est rendu aux urnes et a élu un nouveau gouvernement provincial. Les progressistes-conservateurs, dirigés par Doug Ford, ont obtenu une deuxième majorité et plusieurs communautés et mouvements progressistes tentent de comprendre ce résultat et ses implications pour l’avenir de l’Ontario.
Les conservateurs de Doug Ford ont entamé l’élection avec un bilan horrible de mise en avant du programme des entreprises avant les communautés. Ils ont promu les soins de longue durée à but lucratif malgré la crise humanitaire observée dans ces foyers pendant la pandémie. En cours de route, ils ont poursuivi le projet d’autoroute 413 au profit des propriétaires fonciers et des donateurs conservateurs. Ils ont annulé des projets renouvelables et ont mis la province sur la voie d’émissions à la hausse.
Quatre autres années de conservateurs de Doug Ford signifient que notre gouvernement provincial continuera d’être à la merci des riches donateurs, des lobbyistes et de leurs amis des entreprises. Bien que leur plate-forme soit peu détaillée, elle envoie un message clair, à savoir ce gouvernement étendra les routes et les autoroutes, en faisant fi des préoccupations des communautés locales tout en empiétant sur les terres agricoles, les espaces verts et les écosystèmes. Si l’on se fie aux quatre dernières années, les Ontarien(ne)s peuvent s’attendre à de nouvelles compressions dans le secteur de l’éducation, à une privatisation accrue des soins de santé, à une déréglementation de l’environnement et à un effilochage continu des protections des travailleurs(euses) et des programmes de soutien social.
Mais, les mouvements et les organisations progressistes, dont le Conseil des Canadiens, ont déjà vu, combattu et remporté des victoires contre des gouvernements d’austérité. Doug Ford a fini par rétablir le salaire minimum de 15 $ après une défense acharnée du mouvement pour un salaire décent. Les communautés de l’Ontario se sont mobilisées pour dénoncer haut et fort le commentaire de Christine Elliott de février 2022 qui laissait entendre qu’elle avait l’intention de privatiser les soins de santé, ce qui l’a amenée à se rétracter.
Au cours des quatre dernières années, les communautés se sont rassemblées et ont pris conscience de la force de leur pouvoir collectif. D’innombrables groupes Stop Sprawl forment de larges coalitions d’agriculteurs, d’écologistes, de défenseurs du logement et de militant(e)s pour le climat. Ils exigent avec hardiesse une vision différente pour leur communauté qui ne détruit pas les terres agricoles et les espaces verts et qui défie le programme de croissance à tout prix de Doug Ford. En l’absence de leadership provincial, les municipalités prennent des mesures climatiques audacieuses pour protéger notre avenir. Notre travail avec les sections locales et les groupes communautaires a incité les gouvernements conservateurs et libéraux à mettre en œuvre un moratoire sur les permis de prélèvement d’eau pour les opérations de mise en bouteille de l’eau et a donné aux municipalités hôtes un droit de regard sur les permis qui affectent leur collectivité. Les communautés autochtones et de colons font front commun pour empêcher les industries extractives soutenues par le gouvernement de s’approprier la terre et l’eau et de les détruire.
L’Ontario nécessitera plus d’efforts de ce genre dans les années à venir. De nombreuses communautés voient les élections municipales, prévues pour le 24 octobre, comme une occasion d’inciter les gouvernements locaux à renforcer leur leadership pour protéger les communautés, l’environnement et notre avenir collectif. Notre combat pour un Ontario qui prend soin les uns des autres, investit dans les collectivités et lutte contre le changement climatique ne s’arrête pas aux élections. L’organisation et le développement communautaire entre les élections génèrent le pouvoir dont nous avons besoin pour changer significativement la vie de chaque Ontarien(ne).
Participation électorale et réforme électorale
L’organisation entre les élections est l’outil politique le plus important dont nous disposons, surtout compte tenu du taux de participation historiquement bas à cette élection. Un plancher record de 43 % des Ontarien(ne)s se sont rendus aux urnes, ce qui a permis aux conservateurs d’obtenir une majorité et tout le pouvoir décisionnel qui en découle. Notre nouveau gouvernement provincial représente moins de 18 % des électeurs(trices) admissibles. Plus de la moitié de ceux et celles qui ont voté ont voté pour le NPD, les libéraux ou les verts. Mais, ces partis ne détiennent ensemble que 40 sièges, comparativement aux 83 sièges des progressistes-conservateurs.
Une fois de plus, le système électoral uninominal à un tour nous a fait défaut.
L’organisation entre les élections est l’outil politique le plus important dont nous disposons, surtout compte tenu du taux de participation historiquement bas à cette élection. Un plancher record de 43 % des Ontarien(ne)s se sont rendus aux urnes, ce qui a permis aux conservateurs d’obtenir une majorité et tout le pouvoir décisionnel qui en découle. Notre nouveau gouvernement provincial représente moins de 18 % des électeurs(trices) admissibles. Plus de la moitié de ceux et celles qui ont voté ont voté pour le NPD, les libéraux ou les verts. Mais, ces partis ne détiennent ensemble que 40 sièges, comparativement aux 83 sièges des progressistes-conservateurs.
Une fois de plus, le système électoral uninominal à un tour nous a fait défaut.
Pendant la période électorale, beaucoup ont fait l’effort d’encourager le vote stratégique, où les électeurs(trices) se fiaient aux résultats des sondages pour voter pour le parti le plus susceptible de battre les conservateurs dans leur circonscription. Cependant, ces sondages reflétaient rarement avec précision les intentions des électeurs(trices) au niveau de la circonscription. Outre un système électoral frustrant qui n’a pas fait en sorte que chaque vote compte, le fait qu’aucun des partis d’opposition n’ait été en mesure d’offrir une vision audacieuse et progressiste pour s’attaquer aux nombreuses crises cumulées qui touchent les Ontarien(ne)s a incité plusieurs électeurs(trices) à ne pas se rendre aux urnes.
L’heure de la réforme électorale est venue. Avant les élections, le NPD, les libéraux et les verts ont tous inclus une réforme électorale dans leur plate-forme, bien que les partisan(e)s se soient inquiété(e)s du fait que le système de scrutin préférentiel proposé par les libéraux produise un résultat encore moins démocratique que le système actuel. Puisqu’il est peu probable que les partis proposent une réforme électorale qui les désavantage, Représentation équitable au Canada demande la tenue d’une assemblée citoyenne sur la réforme électorale. L’Ontario et le reste du Canada ont besoin de toute urgence d’un système électoral où chaque vote compte et qui donne aux électeurs(trices), aux candidat(e)s et aux partis politiques le pouvoir de participer pleinement au processus démocratique.
Les résultats de l’élection provinciale révèlent la frustration croissante à l’égard des gouvernements et de leur incapacité à faire face aux crises majeures qui touchent tous les Ontarien(ne)s, de la pandémie à l’inégalité croissante, en passant par la crise du logement et l’urgence climatique.
Notre travail ne s’arrête jamais aux élections. Au cours des quatre prochaines années, il sera essentiel de nouer des liens et de renforcer le pouvoir des personnes privées de leurs droits par le système politique actuel et les plus touchées par les politiques d’austérité et celles des entreprises. L’organisation à base citoyenne, comme le travail effectué par les sections du Conseil des Canadiens, est plus importante que jamais. Il est primordial de renforcer le pouvoir, d’accroître la solidarité et de remettre en question les entreprises qui contribuent à ces crises et en profitent, peu importe qui est au pouvoir.