Cet article a d’abord été publié dans le numéro 2022 de Canadian Perspectives, le magazine annuel du Conseil des Canadiens. Pour lire d’autres articles de ce numéro, cliquez ici.
En novembre 2020, Ressources naturelles Canada a jugé qu’il était temps de revoir et d’actualiser sa politique en matière de déchets radioactifs, vieille de 20 ans. Bien qu’il s’agisse d’une question qui recoupe plusieurs des valeurs fondamentales du Conseil, nous n’avons jamais mené de campagne sur les déchets radioactifs ou l’énergie nucléaire. À la suite de l’annonce de novembre 2020, nos sections bénévoles et nos membres votants ont indiqué que c’était là une occasion de mener une campagne nationale sur les déchets nucléaires que le Conseil des Canadiens ne pouvait laisser passer. La campagne qui s’ensuivit est un éloquent exemple de la façon dont une organisation nationale peut prendre en compte les directives de ses militants à base citoyenne et avoir rapidement un impact significatif sur des questions essentielles.
Les militants des sections ont collaboré pour inciter 7 400 personnes à travers le Canada à soumettre leurs commentaires sur le projet de politique à Ressources naturelles Canada (RNCan). Avec l’aide du personnel, ils ont aussi produit un recueil de ressources sur les déchets nucléaires, une analyse approfondie du projet de politique fédérale, un webinaire dénonçant l’écoblanchiment de l’industrie nucléaire ainsi qu’une série de précis établissant un lien entre la question des déchets nucléaires et la main mise des entreprises, les droits des Autochtones et le consentement des communautés. Ce fut une démonstration puissante de la façon dont une organisation à base citoyenne comme le Conseil des Canadiens peut se mobiliser rapidement, relier les gens à la grandeur du pays et défendre la population et l’environnement.
Comment en sommes-nous arrivés là?
Lorsque RNCan a annoncé son examen, les membres des sections du Conseil des Canadiens qui s’étaient déjà penchés sur l’extraction de l’uranium en Saskatchewan, sur la lutte contre les décharges de déchets nucléaires en Ontario et sur l’opposition aux petits réacteurs nucléaires modulaires (PRM) au Nouveau-Brunswick ont tous réalisé l’importance de ce moment pour faire avancer leurs propres campagnes sur les déchets radioactifs. Ils se sont réunis et ont lancé une campagne qui a permis de mobiliser des milliers de personnes les incitant à contribuer au projet de politique fédérale, de sensibiliser les partisans du Conseil et de renforcer leur travail au niveau local et la collaboration entre les sections.
Ils ont clairement expliqué l’importance primordiale de cette collaboration.
« Il est temps que le Conseil s’active dans ce domaine », a déclaré Ann Pohl, membre de la section Kitchissippi-Ottawa Valley. « Cela touche la main mise des entreprises. Cela touche le climat et cela touche les droits des Autochtones en particulier ».
Ann, ainsi que six autres membres de sections de partout au pays, ont présenté une résolution lors de l’assemblée annuelle des membres du Conseil pour attirer l’attention de l’organisation nationale sur la question.
Les membres des sections de partout au pays se sont réunis et ont formé un Groupe de travail, guidant collectivement l’orientation de la campagne. C’est ici que l’on saisit la grande importance du travail de la base citoyenne, l’organisation qui se fait pour les communautés, par les communautés. Les organisateurs communautaires comprennent les attributs, les préoccupations et les défis uniques des communautés dans lesquelles ils vivent et ils peuvent lancer des campagnes dans ce contexte. Reconnaissant l’hésitation de leur communauté sur la question, ils ont reconnu la nécessité de sensibiliser et d’engager les autres sections, les membres du Conseil et le public sur la complexité des déchets radioactifs.
Ian Pineau, membre de la section d’Ann, relativement novice en la matière, a été désigné comme la voix « non experte » du Groupe de travail, un rôle qu’il a joué pour que le matériel de campagne soit accessible à tous, quelles que soient leurs connaissances préalables sur le sujet.
« Nous devons être clairs pour faire comprendre aux gens l’importance de cet enjeu et comment il affecte toutes les autres catégories dont le Conseil traite », a déclaré Ian. « C’est l’essence du travail ».
La campagne a tiré parti de la richesse des connaissances et de l’expérience des membres de la section qui ont travaillé sur de nombreux aspects des déchets nucléaires, ainsi que d’un vaste réseau d’experts, de défenseurs et de groupes communautaires actifs dans ce domaine.
Gail Wylie, de la section de Fredericton, s’est fait l’écho des pensées d’Ian.
« Un enjeu qui relève d’un centre local, où les gens vivent vraiment avec lui, suscite la passion », a expliqué Gail. « C’est ce qui fait avancer la campagne et lui donne l’énergie dont elle a besoin. Les titres abstraits ne mènent jamais nulle part ».
Toutes les analyses, les appels à l’action, les webinaires et les ressources compilées au cours de la campagne ont été rédigés par des membres de la section ou se sont appuyés sur leur engagement à base citoyenne, en particulier Ann Pohl et Marilyn Hay de KOV (membre de la section de Kitchener-Waterloo et représentante régionale au Conseil d’administration du Conseil).
Ian a souligné l’importance de nouer des liens entre des experts en la matière et les nouveaux venus.
« Gail a accès à des informations et nous bénéficions d’un soutien considérable de la part d’experts comme Ole Hendrickson et Gordon Edwards », a-t-il dit. « Certains des membres expérimentés du Conseil ont pu constater les liens qui existent entre les deux ».
Ces liens ont été reconnus et ressentis dans tout le pays. Qu’il s’agisse de l’intervention des sections de Saint John et de Fredericton dans la proposition de renouvellement du permis de la centrale nucléaire de Point LePreau ou de la participation des sections d’Ottawa et de KOV aux audiences sur le Projet d’installation de gestion des déchets près de la surface de Chalk River, les membres des sections ont mis à contribution du Groupe de travail des décennies d’expérience en matière de relations avec l’industrie nucléaire et la Commission canadienne de sûreté nucléaire (CCSN).
Les sections ont fait ressortir la relation étroite entre l’industrie nucléaire et son organisme de réglementation, la CCSN. Elles ont fourni des exemples des tactiques d’intimidation de l’industrie et de son grand pouvoir de lobbying. Elles ont coupé court aux arguments de l’industrie concernant les PRM et elles ont démontré la nécessité d’un organisme de surveillance indépendant.
En outre, le Groupe de travail a souligné les multiples violations des droits des Autochtones tout au long du cycle de vie de la production nucléaire. Il s’est appuyé sur la connaissance qu’ont les militants des sections des impacts de l’extraction de l’uranium en Saskatchewan, sur leur travail de solidarité avec les communautés des Premières Nations touchées par le traitement de l’uranium dans le nord de l’Ontario et sur leurs relations permanentes avec les Premières Nations qui s’opposent aux décharges de déchets nucléaires proposées en Ontario.
Une quantité incroyable de choses a été réalisé pendant la durée relativement courte de cette campagne. Mais, pour les membres de la section, le travail se poursuit.
« C’est loin d’être une affaire réglée… À bien des égards, ce n’est que le début », a déclaré Ian.
La tâche plus vaste consistant à sensibiliser le public et à s’opposer aux propositions de décharge de déchets nucléaires se poursuit dans tout le pays.
Dès la conclusion du processus relatif à la politique fédérale, Ann et Ian se sont lancés dans une consultation sur le Projet d’installation de gestion des déchets près de la surface à Chalk River, soulignant l’absence de consentement libre, préalable et éclairé des nations algonquines tout au long du processus. Gail et ses collègues de la section du Nouveau-Brunswick ont continué à exprimer leurs inquiétudes quant à l’investissement de la province dans les PRM.
Ces personnes savent désormais qu’il existe un réseau de militants et d’alliés de la section à travers le pays prêts à soutenir, à affirmer et à valoriser leurs luttes locales. Elles voient maintenant leurs efforts locaux comme faisant partie d’un fil conducteur plus large qui relie toutes nos luttes pour protéger l’eau, défendre la démocratie, soutenir les droits des Autochtones et demander des comptes au gouvernement.
Plusieurs membres des sections du Conseil des Canadiens ont consacré des décennies à ce combat. Ils savent que le travail se poursuit et que leurs communautés sont les lignes de front.
Rien de tout cela ne serait possible sans votre engagement.
Le Conseil des Canadiens dispose d’un vaste réseau de sections à la grandeur du pays, de vaillants bénévoles qui se mobilisent sans relâche aux côtés de leurs communautés et de leurs alliés sur des questions d’intérêt local et national. Ces citoyens militants sont les piliers du travail du Conseil et jouent un rôle important dans l’orientation de nos efforts. Adhérez à une section près de chez vous.