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Les résidents de Falcon et de Shoal Lake tiennent une séance d’information près du parcours envisagé pour le pipeline Énergie Est

WINNIPEG – Les résidents de Falcon Beach, d’Iskatewizaagegan (Première Nation no 39 de Shoal Lake) et de la Première Nation no 40 de Shoal Lake se réunissaient aujourd’hui à Falcon Beach — près du parcours proposé pour le controversé pipeline Énergie Est — avec le Conseil des Canadiens et la Manitoba Energy Justice Coalition (coalition manitobaine pour la justice énergétique) [photo]. Lors de l’assemblée publique, des résidents locaux ont fait part de leurs préoccupations concernant les risques que représente le pipeline Énergie Est pour les localités de Falcon et de Shoal Lake. La rencontre s’inscrivait dans la foulée d’une assemblée publique tenue hier, à Winnipeg.

Un déversement de pipeline serait dévastateur pour la région, située près du parc provincial Whiteshell — un endroit prisé des vacanciers — et s’écoulerait dans la rivière Falcon, puis jusqu’au lac Shoal.

« Le transport de 1,1 million de barils de bitume par jour depuis les sables bitumineux jusqu’au cœur de notre territoire, visé par un traité, signifie que le risque pour l’environnement en cas de rupture ou de fuite du pipeline est particulièrement élevé, notamment lorsqu’Énergie Est propose d’utiliser une vieille infrastructure de pipeline », a dit Fred Green, agent de consultation pour la Première Nation indépendante Iskatewizaagegan (Première Nation no 39 de Shoal Lake). « Les sources d’eau potable étant situées dans la région de Falcon et de Shoal Lake, un déversement de bitume serait difficile à nettoyer et causerait des torts irréparables au territoire et à l’écosystème. Je ne vois pas comment Énergie Est pourrait contribuer à une économie durable dans notre région à long terme. »

Greene s’est joint aux résidents locaux et aux membres de la Première Nation no 40 de Shoal Lake pour assister à la séance d’information tenue cet après-midi. Le projet de TransCanada mise sur la conversion d’un vieux gazoduc dans la région pour transporter du pétrole dans le cadre d’un projet visant à acheminer le pétrole des Prairies, essentiellement destiné à l’exportation, vers un nouveau port en eau profonde situé dans la baie de Fundy à Saint John, au Nouveau-Brunswick. Le controversé pipeline traverserait ainsi le basin hydrographique du lac Shoal, y compris près des berges du lac Falcon, où un déversement risquerait de contaminer le lac Falcon et de s’étendre au lac Shoal.

« Nous dépendons tous du bassin hydrographique du lac Shoal, et nous devons tous nous préoccuper des conséquences désastreuses que pourrait entraîner un déversement d’Énergie Est dans la région », a dit le chef Irwin Redsky de la Première Nation no 40 de Shoal Lake. Daryl Redsky, agent de consultation avec la Première Nation no 40 de Shoal Lake assistait également à la rencontre.

Le projet de pipeline à usages multiples destiné à transporter 1,1 million de barils de pétrole par jour comprend notamment du bitume dilué extrait des sables bitumineux de l’Alberta. En juillet 2010, un pipeline d’Enbridge a déversé 3,8 millions de litres de bitume dilué dans la rivière Kalamazoo. Plus de cinq ans après la tragédie, et après des dépenses s’élevant à plus de 1 milliard de dollars, le pétrole submergé est toujours au fond de la rivière.

L’Académie des sciences des États-Unis publiait récemment l’analyse la plus exhaustive à ce jour sur les déversements de bitume dilué. L’étude est venue confirmer que le bitume dilué coule et se dépose au fond des cours d’eau, ce qui le rend très difficile à nettoyer en cas de déversement. Elle confirme également que les intervenants en cas de déversement sont mal outillés face aux défis que représente ce type de déversement.

« C’est une région magnifique. Il est difficile d’imaginer qu’un gazoduc vieux de presque 40 ans pourrait transporter du bitume ici », a noté Maude Barlow, présidente nationale du Conseil des Canadiens. « Des milliers de cours d’eau sont situés sur le parcours d’Énergie Est, y compris des sources d’eau potable. L’envergure même de ce pipeline signifie qu’un seul déversement pourrait être le plus catastrophique de toute l’histoire du Canada — c’est tout simplement trop risqué. »

En regard du bilan de TransCanada en matière de rupture de pipeline, le risque d’une rupture du passage intégral d’Énergie Est serait de 15 pour cent par année, quelque part le long du pipeline, chaque année. Le système de détection des fuites de TransCanada ne peut détecter une fuite inférieure à 1,5 pour cent de la capacité du pipeline. En gros, près de 2,62 millions de litres de pétrole par jour pourraient s’écouler tout à fait à l’insu de TransCanada. En seulement 48 heures, nous pourrions faire face au pire déversement de pétrole de toute l’histoire du Canada.

« Ce pipeline générera peu d’emplois à long terme et nous obligera à augmenter la production des sables bitumineux, ce qui est incompatible avec l’objectif de faire notre juste part dans la lutte contre les changements climatiques, en plus de présenter un risque inacceptable pour nos cours d’eau », a rappelé Alex Paterson, porte-parole de la Manitoba Energy Justice Coalition, également présente à la rencontre d’aujourd’hui. « Le gouvernement Trudeau doit cesser de tergiverser et planifier un virage pour soutenir les travailleurs du secteur pétrolier et leurs familles, tout en investissant majoritairement dans des solutions durables et la création de bons emplois verts. »

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