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Décortiquez les ‘solutions’ climatiques

Les solutions climatiques vraiment justes font passer les gens avant les profits


Voici la troisième partie de notre série : « Décortiquez les ‘solutions’ climatiques : fausses, réelles ou injustes? »
Lisez la Partie 1 et la Partie 2.


Dans les deux premiers volets de notre série, nous avons exploré les fausses et injustes solutions climatiques, colportées par ceux(celles) qui veulent nous faire croire que la recherche incessante du profit, cause du dérèglement climatique peut aussi contribuer à y remédier.

Pour trouver de vraies solutions climatiques justes, il faut inverser le scénario. Plutôt que de faire passer le profit avant les gens, nous devons prioriser les besoins des individus et de la planète lorsque nous nous attaquons à la crise climatique. Tout d’abord, nous devons reconnaître que des solutions climatiques vraiment justes nécessitent un changement dans la façon dont nous comprenons notre relation à la terre, en rejetant l’idée que la planète est là pour le profit des actionnaires, des sociétés d’investissement et des institutions financières.
Le leadership, les façons d’être et le savoir autochtones sont essentiels pour nous guider vers une meilleure relation avec la terre, l’eau et les écosystèmes. Les peuples autochtones sont les intendants de ces terres depuis des temps immémoriaux et ils continuent d’être les plus touchés par la destruction écologique et le changement climatique.

Le leadership, les façons d’être et le savoir autochtones sont essentiels pour nous guider vers une meilleure relation avec la terre, l’eau et les écosystèmes. Les peuples autochtones sont les intendants de ces terres depuis des temps immémoriaux et ils continuent d’être les plus touchés par la destruction écologique et le changement climatique.

En modifiant notre relation avec la planète, nous améliorons nos relations avec les autres. L’adage « vivez simplement, pour que d’autres puissent simplement vivre » est un bon point de départ pour réfléchir à la manière de nouer de meilleures relations entre nous et avec la terre. Alors que nous mettons un terme à notre dépendance aux combustibles fossiles, que nous réduisons notre impact sur la planète et que nous consommons moins de ressources et d’énergie, nous devons réfléchir à la façon de redistribuer de manière juste et équitable les ressources dont nous disposons. Pour parvenir à des solutions climatiques justes, il faut des processus participatifs, responsables et transparents pour les communautés au sein desquelles ils se déroulent. Cela signifie que ce sont les citoyen(ne)s et les institutions démocratiques qui décident, et non l’industrie.

Les solutions justes en matière de climat doivent inclure des actions audacieuses de la part du gouvernement pour supprimer progressivement l’extraction et l’utilisation des combustibles fossiles, tenir les grandes sociétés responsables du nettoyage de leurs dégâts et mettre fin aux subventions accordées aux entreprises de combustibles fossiles.

À mesure que les pollueurs nettoient leurs dégâts, nous pouvons réaffecter les subventions et investir dans des projets d’énergie et d’infrastructures publics, idéalement en créant de nouvelles sociétés d’État. Tous ces processus doivent être soutenus par une législation solide qui garantisse la responsabilité des communautés, ainsi que par un soutien gouvernemental permanent aux projets de transition. Une transformation sociale et économique d’envergure s’annonce semée d’embûches. Il sera important de disposer d’un filet de sécurité pour que les personnes touchées bénéficient d’un soutien significatif.

Il ne fait aucun doute que des solutions à la crise climatique qui soient vraiment justes et centrées sur l’être humain nécessitent des transformations à grande échelle de nos structures sociétales, économiques et politiques. Mais, pendant que nous nous efforçons d’obtenir ces changements systémiques nécessaires, il existe une multitude d’actions et de mesures plus immédiates qui s’inscrivent dans une transition juste et qui peuvent être mises en œuvre à plus petite échelle pour atténuer l’impact de la crise climatique. Ces solutions peuvent cibler des secteurs spécifiques afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre, d’améliorer l’efficacité énergétique ou de promouvoir des pratiques plus durables.

Vous trouverez ci-dessous un menu de quelques-unes de ces solutions climatiques justes :

Solutions basées sur la nature

  • Mettre fin à la déforestation est un moyen très pratique d’exploiter la capacité de la nature à réduire le CO2 dans l’atmosphère. Cela permettrait également de protéger les droits fonciers des populations, de prévenir l’érosion et la dégradation des sols et de nous aider à rester en bonne santé (vous trouverez plus d’informations à ce sujet ci-dessous).
  • En attendant, nous devons planter de nouvelles forêts. En poussant, les arbres éliminent le CO2 de l’atmosphère. Lorsqu’elle est planifiée avec les communautés locales et autochtones d’une manière juste et socialement acceptable, la plantation de forêts peut favoriser de nouveaux écosystèmes, accroître la biodiversité et créer des emplois. On estime qu’il faudrait restaurer 6,80 millions de km2 de forêts pour compenser la perte de surface forestière depuis 1850, soit les trois quarts de la superficie du Canada.
  • La plantation d’arbres n’est pas une solution miracle. Planter des arbres monospécifiques d’un seul âge ne revient pas à recréer l’écosystème complexe d’une forêt naturelle. C’est pourquoi il est si important de soutenir la gestion des forêts existantes par les Autochtones et de prévenir la déforestation.
  • Les zones humides doivent être préservées et étendues, car elles constituent d’importants puits de carbone. Les tourbières sont des sites importants pour un large éventail d’espèces de plantes, d’insectes et d’animaux.

Production alimentaire

  • Les techniques d’agriculture réparatrice et l’agriculture biologique peuvent permettre de conserver une plus grande quantité de carbone dans le sol et de protéger ce dernier (qui se dégrade à une vitesse alarmante).
  • L’utilisation efficace des engrais industriels peut réduire la quantité d’azote dans l’environnement (qui a déjà atteint des niveaux critiques) et nécessiterait moins d’énergie pour produire l’engrais.
  • En diminuant la consommation de viande, nous réduirions la déforestation, car la grande demande en viande est le principal facteur de défrichement des terres pour les cultures vivrières et les pâturages. Il a été démontré que les régimes alimentaires à base de plantes sont plus sains pour les individus et ont moins d’impact sur nos écosystèmes.
  • La réduction de la demande de soja et d’huile de palme protège les forêts de la destruction.

Transport

  • L’augmentation des transports en commun peut réduire la nécessité de posséder un véhicule, réduire la consommation de pétrole et rendre notre monde plus juste, plus sûr, plus propre et en faire un lieu de vie plus sain.
  • La transition vers des transports en commun et des véhicules personnels à faible émission de carbone (principalement par l’électrification) peut avoir un impact important sur le climat.
  • L’infrastructure nationale de recharge des véhicules électriques doit être préparée à l’augmentation rapide du nombre de véhicules électriques.
  • La réduction des aides publiques au transport aérien contribuera à diminuer le nombre de vols et, par conséquent, le CO2 et d’autres polluants dans l’atmosphère.

Bâtiments

  • L’amélioration de l’isolation et la réduction des fuites d’air dans les bâtiments constituent une solution facile, pratique et à base de technologie rudimentaire pour diminuer la quantité de combustible que nous utilisons pour chauffer et refroidir nos maisons, nos bureaux et nos bâtiments publics.
  • Une modification plus rapide des codes du bâtiment pour rendre nos bâtiments plus écoénergétiques réduira nos besoins en chauffage et en climatisation à l’avenir.
  • Les pompes à chaleur sont le moyen le plus efficace de chauffer et de refroidir nos bâtiments. Elles fonctionnent à l’électricité et sont disponibles, rentables et généralement faciles à installer. Remplacer le chauffage aux combustibles fossiles par une pompe à chaleur est un moyen efficace de réduire notre consommation de ces combustibles.
  • Investir dans des bâtiments à faible impact, en utilisant des matériaux naturels, en soutenant la vie en communauté et en construisant à petite échelle.

Industrie

  • Améliorer l’efficacité énergétique des processus industriels, par exemple la fabrication de verre à faible teneur en carbone.
  • L’électrification des processus industriels et du chauffage réduit l’utilisation des combustibles fossiles.
  • Passer des combustibles fossiles à l’électricité ou à l’hydrogène, par exemple, dans la production d’acier.
  • Encourager l’utilisation de matières premières recyclées, par exemple, la production d’aluminium à partir de canettes recyclées est moins intensive en carbone que l’utilisation de « nouvelles » matières premières.

L’approvisionnement en énergie

  • Investir dans des sources d’énergie renouvelables socialement acceptables telles que l’énergie éolienne, solaire, géothermique et les petites centrales hydrauliques. Il s’agit déjà des solutions les moins dispendieuses. Mais, elles sont freinées par des investissements inadéquats et des décisions politiques favorables aux entreprises.
  • Les micro-réseaux intelligents sont des systèmes énergétiques locaux à petite échelle qui présentent plusieurs avantages par rapport aux grands réseaux d’approvisionnement en électricité couramment utilisés et qui peuvent plus facilement être mis en place par les communautés.
  • Le développement de nouvelles connexions de réseaux intraprovinciaux (en particulier est-ouest) peut contribuer à réduire les besoins globaux en capacité.
  • Les batteries peuvent fournir de l’électricité lorsque l’énergie provenant des sources renouvelables est inférieure aux besoins (par exemple, lorsque le vent ne souffle pas et qu’il fait nuit). Il existe des batteries à court et à long terme. D’autres systèmes de stockage, tels que l’hydroélectricité par pompage, constituent des alternatives durables.
  • Encourager l’approvisionnement en énergie par les communautés, soutenir les petits producteurs d’énergie indépendants et encourager les projets d’énergie renouvelable en calculant les coûts réels des sources d’énergie fossiles. Ces mesures sont particulièrement pertinentes pour les projets dirigés par les Autochtones.

Un mode de vie à faible impact

Il existe plusieurs moyens par lesquels nous pouvons, personnellement, faire une différence positive sur le climat de manière juste et équitable, notamment :

  • Choisir des services bancaires et des investissements éthiques tels que les coopératives d’épargne.
  • Faire partie d’une communauté (logement, agriculture, coopératives).
  • Participer à l’économie commune.
  • Choisir des moyens de transport à faible émission de carbone
  • Réutiliser, reconvertir, acheter moins.
  • Faire attention à l’endroit où l’on fait ses achats et aux personnes que l’on soutient.
  • Voter.

Faire pression pour une transition juste/un changement systémique

Il ne s’agit là que d’un échantillon de ce à quoi pourraient ressembler les solutions climatiques justes. Mais, encore une fois, une grande partie de ce qui fait ces solutions climatiques justes est la façon dont elles impliquent et rendent compte à ceux(celles) qui sont les plus touché(e)s par la crise climatique, à savoir les peuples autochtones, les migrant(e)s, les personnes en situation de handicap, les femmes, etc. En mettant l’accent sur ces groupes, les solutions climatiques sont mieux placées pour commencer à décoloniser nos façons d’être et pour s’attaquer aux inégalités, aux problèmes de droits de la personne, à la pauvreté, à l’itinérance et à la sécurité d’emploi, pour n’en nommer que quelques-uns.

Joignez-vous à nous pour faire pression en faveur de politiques climatiques, sociales et économiques qui redonnent du pouvoir aux travailleurs et travailleuses et aux communautés, payées par les mêmes entreprises qui profitent de la dégradation du climat et qui poussent de plus en plus d’entre nous dans la pauvreté. Ensemble, exigeons des dirigeant(e)s qu’ils(elles) fassent passer les gens et la planète avant les profits des entreprises !


Voici la troisième partie de notre série : « Décortiquez les ‘solutions’ climatiques : fausses, réelles ou injustes? »
Lisez la Partie 1 et la Partie 2.


David Ellis
David défend l’environnement et la justice sociale depuis les années 1970 au Royaume-Uni. Sa carrière a été très variée, notamment enseignant à l’école et à l’université, ingénieur en informatique, homéopathe, professeur de taiji, constructeur, graphiste et, depuis qu’il s’est installé au Canada en 2009, propriétaire d’un café/restaurant végétarien dans la campagne de Terre-Neuve, qu’il gère avec sa femme sous la forme d’une entreprise sociale. Il est directeur des opérations d’une association locale de logement dont l’objectif est de construire des unités de cohabitation abordables dans sa communauté. Il est coprésident du chapitre Avalon/T.-N.-L. du Conseil des Canadiens.

Chris Kruszewski
Chris est chargé de campagnes pour le climat et la justice sociale au Conseil des Canadiens.