Cet article a d’abord été publié dans le numéro 2023 de Canadian Perspectives, le magazine annuel du Conseil des Canadiens. Pour lire d’autres articles de ce numéro, cliquez ici.
Les mauvaises idées se répandent comme des virus. Et, comme pour les virus, pour empêcher ces idées de se propager et de devenir épidémiques dans nos communautés, nous devons inoculer la population par le biais de la sensibilisation, de la défense des intérêts et de l’action.
La notion selon laquelle la privatisation des systèmes publics d’approvisionnement en eau permettra d’économiser de l’argent et d’améliorer le service est une très mauvaise idée qui continue de muter et de circuler malgré des montagnes de preuves du contraire.
À l’instar de tout autre virus, la privatisation prospère lorsque les systèmes sont saturés, délabrés et mal entretenus (dans le cas présent, en raison des compressions d’austérité dans l’entretien et l’expansion). Notre infrastructure hydraulique est devenue vulnérable par l’inaptitude, pendant des décennies, d’investir dans le maintien du bon fonctionnement et de la capacité de ces systèmes. Selon la Fédération canadienne des municipalités, le Canada est confronté à un déficit de plus de 100 milliards de dollars pour réparer et remplacer les infrastructures hydrauliques négligées. Il est plus facile de convaincre les gens de faire avec la privatisation si le système public est défectueux.
Les partisan(e)s du Conseil qui nous accompagnent depuis dix ans ou plus se souviendront des diverses tentatives éhontées de grandes sociétés visant à racheter les services publics d’approvisionnement en eau des municipalités à court d’argent. Nous avons perdu quelques-unes de ces batailles et les systèmes d’approvisionnement en eau à but lucratif sont rapidement devenus une réalité, alors que les tarifs augmentaient et que les services diminuaient. De nos jours, les tentatives flagrantes de privatisation des infrastructures hydrauliques sont rares au Canada. La population reconnaît la menace et se mobilise rapidement contre elle. Mais, le virus de la privatisation n’a pas pour autant disparu. S’adaptant pour survivre, comme le font les autres virus, il s’est transformé en schémas tels que les partenariats public-privé (PPP) qui permettent au secteur privé de tirer profit de l’exploitation, du financement, de la construction et de la propriété de nos infrastructures essentielles.
Devenir une Communauté bleue offre une protection comparable à un vaccin contre le virus de la privatisation de l’eau. Une Communauté bleue adopte un cadre qui considère l’eau comme un bien commun partagé par tous(toutes) et relevant de la responsabilité de chacun(e) d’entre nous.
Notre projet Communauté bleue encourage les municipalités et autres types de communautés à adopter les principes suivants par le biais de résolutions ou d’engagements similaires qui :
- Reconnaissent l’eau et l’assainissement comme des droits de la personne.
- Interdisent la vente d’eau en bouteille dans les installations et événements contrôlés par la communauté, et
- Promeuvent les services d’eau financés, détenus et gérés par l’État.
Plus de 100 communautés bleues ont été désignées dans le monde. La plupart des communautés désignées au Canada sont des municipalités, notamment Vancouver, London et Montréal. Mais, nous avons également désigné plusieurs congrégations religieuses, des campus et des collèges.
Il est essentiel de prendre des mesures proactives pour protéger notre patrimoine commun en matière d’eau. Trop souvent, les projets de privatisation surgissent « de nulle part » au conseil municipal. Mais, si ce dernier a déjà suivi le processus de délibération sur la désignation d’une communauté bleue, il aura eu tout le temps et la possibilité d’examiner les avantages de l’adoption d’un cadre de gestion commune de l’eau.
Cela signifie que lorsque la question de la privatisation de l’eau se posera, la communauté sera déjà prête.
L’adoption d’une résolution ne contraint pas juridiquement un conseil. Mais, elle est néanmoins puissante. Nous n’avons jamais eu de raison de retirer la désignation d’une Communauté bleue au cours des dix années qui se sont écoulées depuis le lancement du programme.
Souvent, les militant(e)s et les groupes communautaires locaux collaborent pour sensibiliser leur conseil municipal et le public sur l’importance de rejeter la privatisation, de respecter le droit de la personne à l’eau et d’interdire la vente d’eau en bouteille. Si vous me permettez ce mélange de métaphores, le projet Communauté bleue agit comme une sorte de noyau pour l’organisation locale, rassemblant les gens dans la défense d’une cause commune et nous avons besoin de beaucoup plus de cela ! Comme c’est le cas pour de nombreuses initiatives louables, le voyage est aussi important que la destination.
Si vous souhaitez œuvrer pour une désignation de Communauté Bleue là où vous buvez l’eau (là où vous habitez), communiquez avec nous ! Je peux vous aider à mettre au point un plan et à trouver d’autres personnes avec lesquelles vous pourrez travailler pour y parvenir. Faites-moi parvenir un courriel à l’adresse mcalzavara@canadians.org.
Pour en savoir plus sur le programme Communauté bleue, consultez les ressources sur le site Web : conseildescanadiens.org/communautesbleues/